La semaine dernière j’ai visité une école primaire près de chez moi.
Il semblerait qu’on envisage la possibilité d’éliminer la bibliothèque – une minuscule pièce, grande comme ma cuisine – pour y créer une salle de classe de plus. En fait, il y a de très fortes chances que cela se produise dans un futur trop proche.
La dame très gentille qui nous accompagnait lors de la visite nous expliquait qu’on doit s’attendre à n’importe quoi n’importe quand de la part de la commission scolaire, à cause des coupures en éducation. Rien n’est stable d’une année à l’autre, d’un mois à l’autre… Mention spéciale à notre « sauveur », Monsieur Philippe Couillard.
J’ai été envahie d’une vague de tristesse.
Je me souviens de la bibliothèque de mon école primaire comme d’un lieu magique. Un lieu sacré où je pouvais explorer, seule, les différents rayons, sniffer l’odeur des romans poussiéreux, m’asseoir sur le sol contre un mur pour feuilleter une pile de livres choisis en parcourant les tablettes. Je me souviens de la voix du professeur qui nous demande de choisir un livre et de venir nous asseoir dans un petit coin de la bibliothèque aménagé spécialement pour les touts petits. Silencieusement, nous lisions chacun notre livre. Puisque cette activité avait lieu dans un autre endroit que la classe, je n’avais pas l’impression qu’il s’agissait d’une obligation, ce moment me paraissait spécial. Le silence, les petites chaises de couleur, le haut plafond, la présence de centaines de livres qui nous entouraient…tout faisait en sorte que j’avais hâte d’y retourner. Ce lieu a certainement contribué à éveiller mon intérêt pour la lecture.
Je trouve infiniment triste que certaines écoles primaires se retrouvent sans bibliothèque.
Bien sûr il y a les bibliothèques municipales, mais ce ne sont pas tous les parents qui peuvent ou qui veulent y emmener leurs petits.
Faque Philippe pour vrai, t’es pas un sauveur. Arrête ça. Si t’avais un minimum de charisme, peut-être que certain y croiraient, à ta grosse farce, mais là, vraiment, tu ne peux pas te permettre de jouer ce personnage-là.
Tu me trouves effrontée de te tutoyer ? Je comprends. Mais j’ai pas le choix. Je n’arrive pas à vouvoyer l’être responsable de la destruction de notre système d’éducation. Tut tut tut, je t’arrête tout de suite. Je sais je sais c’que tu vas m’dire. Réinvestissement à coups de millions dans l’éducation. Ben oui Philippe. Ben oui. C’est un peu comme si ton gouvernement avait coupé un bras à chaque Québécois et maintenant tu nous annonces que tu nous offres à tous un nouveau bras ! Avec des petites flûtes pis des petits chapeaux de fête pis des confettis qui tombent du plafond. Come on Philippe.
Tu me trouves agressive ? Tu trouves ma colère démesurée pour une fille qui se porte à la défense des bibliothèques d’écoles primaires ? Crime Philippe, tu le sais, c’est pas ça le problème, si ma colère est aussi grande, c’est à cause de tout le reste. Quoique déjà, les bibliothèques, ça me fâche. Je sais pas si t’as lu, y’a un gars qui s’appelle Patrick Lagacé qui a écrit des articles super intelligents, une série intitulée « si l’école était importante… » ben c’est ça, ce serait le fun que toi pis ta gang vous lisiez ça, je pense.
Pis si c’était seulement ça le problème Phil (je sais je sais j’exagère, mais je sais pu comment t’interpeler pour que tu comprennes) veux-tu qu’on jase des coupures en santé ? Les lis-tu les lettres, les cris du cœur de pédiatres de Ste-Justine qui craignent pour la santé de leurs petits patients à cause des coupures de ton gouvernement ? Les lis-tu les messages d’infirmières qui sont à bout de souffle et qui n’arrivent plus à être efficaces ? Les lis-tu les lettres ouvertes de professeurs qui sont en burn out ? Ah ouin non, j’imagine que les messages de tes amis des compagnies pétrolières passent avant ceux de ton peuple. On en a une belle preuve ce matin. Tu nous a passé un pas pire sapin cette nuit Philou…Malheureusement pour toi, nous ne sommes pas aussi bêtes que tu le crois. On te voit aller Philippe, pis on commence à être une très grosse gang à être tannés.
Je te promets de te vouvoyer et d’être hyper polie en m’adressant à toi, quand ton gouvernement cessera de rire de nous. Promis Phil.