Mon agresseur est président.

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Vous souvenez vous de l’histoire de « Jane Doe » ? Cette femme qui a intenté un procès civil contre Trump pour l’avoir violée à répétition lorsqu’elle avait 13 ans ? Il l’aurait attachée à un lit, l’aurait battue alors qu’elle le suppliait d’arrêter.

Les événements se seraient produits lors d’une soirée organisée par Jeffrey Epstein, milliardaire pédophile qui a été condamné dans le passé pour avoir tenté d’abuser une mineure et qui, selon plusieurs allégations crédibles, gérait un réseau de traite de mineures et leur faisait subir différents sévices sexuels.

Sachant que Trump reconnaît être un ami proche de Jeffrey Epstein, qu’il qualifie de « bon vivant », sachant que Trump a déjà fait l’objet d’allégations judiciaires d’agression sexuelle, je ne comprends pas comment cet homme a pu devenir candidat à la maison blanche.

Vous souvenez-vous d’Ivana Trump, première épouse de Trump, qui l’a accusé sous serment de l’avoir violemment violée à plusieurs reprises ?

Vous rappelez-vous de Jessica Leeds et Rachel Crooks qui ont confié au New York Times avoir été victimes d’attouchements sexuels par Donald Trump ?

On a fait beaucoup de blagues avec le « pussy gate » mais est-ce vraiment amusant de constater qu’un homme qui se donne le droit de faire des attouchements à toutes les femmes quand ça lui chante devient aujourd’hui le 45e président des Etats-Unis ?

En ce moment, j’ai une pensée pour toutes les femmes qui ont déjà vécu du harcèlement ou des agressions sexuelles, qui regardent Trump agir et reconnaissent en lui leur agresseur.

Une pensée pour toutes celles qui sont dégoûtées de constater que ce genre d’homme peut accéder à la présidence des États-Unis.

Voici ton président.

Nos gars.

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Suite aux récentes disparitions d’adolescentes qui ont bouleversé la population, j’ai constaté à plusieurs reprises (entre autre sur des pages de groupes de parents) que plusieurs mamans partageaient la réflexion suivante : « il faut vraiment parler avec nos filles ». Oui, absolument, parlons à nos filles, parlons-leur le plus possible, tentons de faire de la prévention, de les sensibiliser aux dangers de la traite de personnes, aux gangs de rue et aux individus mal intentionnés qui peuvent les approcher pour les exploiter, oui, certainement. Mais je me demande : ne serait-il pas nécessaire de parler à nos garçons aussi ?

Ce qui m’amène à me poser la question suivante : les gars, les papas, parlez-vous à vos gars ? Parlez-vous de sexualité à vos garçons ? Parlez-vous de consentement avec eux ?

Certains pays accueillant des migrants se sont engagés à donner des cours obligatoires aux hommes nouvellement arrivés, pour leur apprendre à traiter les femmes respectueusement. Belle idée. Mais qu’en est-il de nos hommes ici ?

Éduque-t-on nos garçons suffisamment, dès leur jeune âge ? N’est-il pas la responsabilité de la société d’éduquer les garçons dès le primaire afin de leur apprendre à traiter les femmes avec respect ? En Ontario, un programme s’adresse aux garçons pour les sensibiliser au consentement. Au Québec, RIEN.

En même temps, comment nourri-t-on l’imaginaire collectif à notre époque ? Au cinéma, il est commun de voir un acteur dans la cinquantaine se taper des jeunes femmes dans la mi-vingtaine…quel sorte de message envoie-t-on ? Et ces scénarios de viols omniprésents dans la pornographie…quel impact ces images ont-elles lorsqu’elles sont le premier contact qu’un adolescent a avec la sexualité ? Et ces scénarios ne sont pas uniquement présents dans la pornographie (facilement accessible pour tous)…comment explique-t-on, par exemple, ce scénario de viol collectif suggéré dans une simple publicité de vêtements qui peut être vue par tous ?

Par où commence-t-on ce changement ?

Le projet de loi C-452 parrainé par Maria Mourani visant à modifier le code criminel pour permettre de lutter efficacement contre la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle a été adopté en juin dernier. Depuis, il ne manque que le feu vert du Gouverneur Général…qu’attend-on ?

La prostitution existe. Il est difficile de croire qu’elle disparaîtra un jour. Mais peut-on sensibiliser les hommes, pour qu’ils ne ferment pas les yeux lorsqu’ils se rendent compte que la fille qu’ils ont devant eux est mineure ? Comment faire en sorte qu’un déclic se fasse à ce moment et qu’au lieu de penser à leur jouissance, leur plaisir, ils aient une once de sensibilité, qu’ils s’imaginent la réalité de la jeune femme/fille qu’ils ont devant eux ?

En 2009 seulement, 5 293 infractions sexuelles ont été enregistrées par les policiers au Québec (il s’agit seulement du nombre enregistré). De ce nombre, 83% des victimes étaient de sexe féminin, 66% d’entres elles avaient moins de 18 ans et attention, dans 97% des cas, les auteurs présumés d’infractions sexuelles étaient de sexe masculin. Alors oui, parlons à nos filles, mais parlons à nos gars aussi.

Apprenons-leur qu’il n’y a rien de viril à donner des coups à une femme pour la forcer à avoir une relation sexuelle, ce n’est pas viril de droguer une femme pour la forcer à avoir un contact sexuel. Ce n’est pas viril de se mettre à plusieurs sur une fille et lui passer dessus un à un. Être un homme, un vrai homme, c’est s’assurer qu’une femme a envie elle aussi d’avoir une relation sexuelle avant de la toucher, être un homme c’est avoir envie de faire jouir cette femme avec qui on partage un moment d’intimité, s’assurer que ce qu’on pose comme geste lui plaise, et oui, bien sûr, avoir envie de jouir aussi, avec elle.

Et oui, parlons à nos filles, mais je me demande…En voulant faire de la prévention, on bombarde nos filles en les conscientisant, en les amenant à être prudente. On les pousse à dénoncer lorsqu’elles sont victimes d’agression mais dans le processus judiciaire, si elles ont le courage et la chance de s’y rendre, les coupables (nos gars dans 97% des cas) n’ont souvent pas de conséquences à la hauteur de leurs gestes : quel message envoie-t-on aux victimes quand on annonce cette semaine que Mathieu Roy, Trifluvien de 32 ans accusé d’avoir agressé sexuellement deux jeunes filles dont une de 11 ans qui est tombée enceinte, écope d’une peine d’emprisonnement de 57 mois. En soustrayant la détention préventive, il lui reste 45 mois à passer derrière les barreaux…

Donc oui, continuons à parler à nos filles mais peut-être qu’il vaudrait la peine de parler à nos gars dès leur jeune âge, avant qu’ils deviennent des Mathieu Roy, parce qu’on ne peut pas compter sur l’état pour les soigner. Les lois ne sont définitivement pas assez puissantes pour faire peur et punir convenablement ces individus qui gâchent la vie des victimes et brisent leur vie à jamais.

En attendant que la société change, parlons à nos gars.