Voeux pelletés

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Je pellette au bord du lac.

Je pellette en silence.

Je revois défiler 2017. Je pense à mes soeurs et mes frères de #metoo. À ceux qui les ont écrits, les petits mots, ou leur histoire au complet. Je pense aussi à ceux qui ont choisi de ne pas le faire. Pour ne pas avoir à se justifier. Pour échapper aux « Ouin mais si c’était vraiment arrivé tu l’aurais dit avant », « Ouin mais pourquoi attendre autant d’années d’abord ? » , « Si tu donnes pas de nom, comment veux-tu qu’on te croit ? » Pour éviter ça.

Je pense à tous ceux qui ont vécu un grand soulagement grâce à ce mouvement, une belle descente d’épaules, un soupir qui guérit, un peu.

Repenser à 2017 qui aura été l’année de la vérité.

La commission d’enquête sur les femmes autochtones assassinées et disparues, l’affaire W., l’affaire R., l’affaire S., même l’affaire du chef mytho en est une de vérité.

Je pellette en espérant.

Qu’il ne s’agisse pas d’une vague de marée qui s’abaisse en rapportant ses trésors avec elle. Qu’il s’agisse plutôt de la vague qui nous permette de nous lever sur nos planches pour surfer fièrement sur les eaux troubles du passé, en faisant des doigts d’honneur aux requins.

Je rêve au début de la nouvelle ère.

L’ère de la disparition des mains longues et des blagues louches de mononcles. L’ère des bons cœurs qui prennent la parole pour défendre ceux à qui on balance des remarques déplacées. L’ère où nous prenons tous la parole et posons des gestes pour anéantir le racisme, le sexisme, la xénophobie, l’homophobie, la connerie.

2017 a ouvert une porte, la lumière est entrée. Personne ne peut continuer de vivre comme avant. Il y aura toujours des meutes, des ignorants apeurés, mais eux, laissons les faire. À force d’être beaux et lumineux, on va les avoir un moment donné.

Foncer vers la lumière.

Faire fondre le cynisme.

Envoyer promener nos peurs.

Avancer. Le coeur ouvert.

Il y a tant à faire encore.

Je ne fais pas de carte du ciel, mais j’ai appris à lire dans les flocons.

2018 sera pas pire belle.